Une seconde chance pour les universitaires déplacés ?
Alors qu’en Turquie des milliers d’universitaires sont limogés depuis le coup d’État raté de 2016, les résultats des élections présidentielles turques du 24 juin sonnent le glas de leurs espoirs. Les procès continuent, les purges aussi. Jeudi 28 juin se tiendront 13 procès convoquant les universitaires de Galatasaray, İstanbul, Yıldız, İstanbul Teknik, Arel. La semaine avant l’élection a enregistré un triste record avec 44 procès sur 4 jours.
Ce n’est pas la première fois que des universitaires perdent leurs postes dans l’histoire ou voient leur carrière interrompue par des séismes politiques ou des guerres. Dès la Loi allemande sur la restauration de la fonction publique du 7 avril 1933, les universités ont licencié 614 membres considérés comme non-aryens ou hostiles politiquement. On connaît l’histoire de ces migrations, on connaît la place de l’exil dans les travaux de grands intellectuels contemporains, de Hannah Arendt à Edward Saïd. Norbert Elias, décédé en 1990, une des références importantes de la sociologie contemporaine, a quitté l’Allemagne en 1933. En France il ne parvient pas à trouver un poste. Il travaille dans un magasin de bois. C’est l’Angleterre qui l’accueillera grâce à un comité d’assistance aux réfugiés juifs. Les « academic émigrés » outre-atlantique ou ailleurs en Europe furent pris en charge par des organisations philanthropiques en charge de leur « rescue », qui avaient déjà accueilli en 1919 des étudiants russes fuyant la révolution, puis en 1922 les exilés italiens après la prise du pouvoir par Mussolini. Le fond IIE Scholar Rescue Fund de l’aide « en urgence » existe aux États-Unis depuis cette période.
On a d’abord peu réfléchi à ce qu’il était possible de faire pour faire de la place à ces collègues « en danger » dans leur pays.
Il y a trois ans, en 2015, l’Europe faisait face à la plus grande crise de l’accueil observée depuis la seconde guerre mondiale. Parmi les personnes qui fuyaient les violences du monde et qui cherc