L’autoritarisme déconfiné de Jair Messias Bolsonaro
La pandémie s’est déplacée lentement de la Chine vers l’Europe et les Etats-Unis. La voici arrivée avec quelques semaines de vigueur supplémentaire en Amérique Latine. Tout indique que le Brésil sera le prochain épicentre de la contagion. La courbe continue à monter. Les hôpitaux de Manaus, Belém, Fortaleza, Recife, Rio de Janeiro et São Paulo sont effondrés – à Manaus, 80% des patients qui entrent à l’hôpital terminent dans les fosses communes du cimetière. 40% des personnes contaminées meurent à domicile, faute de prise en charge d’urgence. Et Manaus et Belém sont la porte d’entrée du virus vers les Indiens d’Amazonie. Les chiffres s’affolent dans une course-poursuite macabre avec ceux des Etats-Unis.
Au Brésil, on n’a pas seulement affaire au coronavirus. En plus, il y a le bolsonavirus. L’un tue, l’autre aussi. L’un a un indice de contagion parmi les plus virulents au monde (R0 de 2,81), l’autre a un indice de popularité en chute, mais qui reste à un niveau épidémique. Les derniers sondages donnent un taux d’attaque du bolsonavirus à 25% dans un pays où la prévalence officielle du coronavirus est encore de 6%. Non seulement il n’y a pas de dépistage systématique, mais les statistiques sont sous-estimées, voire maquillées.
En quelques semaines, on est passé d’un populisme d’extrême droite à un autoritarisme qui ne se cache plus: « C’est moi qui commande », assène le président Jair Messias Bolsonaro. Nostalgique de la monarchie absolue, réactionnaire, le caudillo se prend pour Louis XIV: « Je suis la constitution », dit-il, affichant son dédain pour l’État de droit avec sa division des pouvoirs. Au fil d’une escalade de provocations quotidiennes, on découvre que le mini-Trump tropical est devenu un hyper-Trump, capable de tout, dangereux et sans pitié. Comme Trump, Bolsonaro est un superspreader non seulement des fake news, mais aussi du Sars-Cov-2 en multipliant les bains de foule et allant jusqu’à lancer l’idée d’un barbecue géant sur l’Esplanade des