Société

Le ministère de l’e-Éducation nationale

Journaliste

Fervent promoteur des technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement, Jean-Michel Blanquer a contribué à la prise de pouvoir rampante des GAFAM et des industriels de la tech sur la politique éducative nationale. Cette technologisation de l’éducation cible en premier lieu le travail quotidien des personnels, enseignants et administratifs, mais aussi désormais les cerveaux des élèves, nouveaux « cobayes » de la neuropédagogie.

Depuis quelques années, les industriels (équipementiers, sociétés de services informatiques et de télécommunication) et les marchands du numérique, GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) en tête, sont montés à l’assaut de l’éducation nationale et de l’école publique, jusqu’alors considérées comme des biens communs inaliénables. Leur objectif ? Numériser, pour les marchandiser, des pans entiers du champ éducatif et de l’activité pédagogique (cours, exercices, correction, notation, aide aux devoirs…), transformant radicalement le métier d’enseignant et dépossédant dans le même temps les professeurs et la communauté éducative de leurs savoirs et de leurs savoir-faire.

Progressivement abandonné depuis une quarantaine d’années par les gouvernements successifs et les pouvoirs publics, l’enseignement – de la maternelle au lycée, et jusqu’à l’université[1] – tend aujourd’hui à devenir un vaste marché laissé à la voracité et à la cupidité des géants du numérique et d’Internet, et de la myriade de start-up de la « EdTech »[2].

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En France, Jean-Michel Blanquer, qui a réussi l’exploit de demeurer ministre de l’Éducation nationale durant tout le quinquennat d’Emmanuel Macron, est un partisan convaincu et un fervent promoteur des technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE)[3]. En janvier 2018, pour la première fois dans l’histoire du ministère de l’Éducation nationale, le ministre a créé le Conseil scientifique de l’Éducation nationale (CSEN)[4], plaçant à sa tête le neuropsychologue Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France et expert en apprentissages par le numérique.

Premier ministre de l’Éducation nationale à inaugurer, en novembre 2017, un fonds d’investissement dédié au secteur de l’éducation numérique (Educapital)[5], Jean-Michel Blanquer est également l’instigateur du « lab 110 bis », un « laboratoire d’innovation » créé en juin 2018 et logé au sein même du ministère, offrant « à tous les acteurs de l’Éducation nationale un cadre de liberté pour expérimenter, échanger, apprendre et tester rapidement des solutions répondant aux défis de l’éducation d’aujourd’hui et de demain.[6]»

Parmi les projets jugés prioritaires par le ministre, figurent l’intelligence artificielle (IA) pour personnaliser les parcours, le traitement massif des données pour aider à l’orientation, les réseaux et plateformes pour réduire les inégalités, et la robotique et les objets connectés pour permettre l’inclusion des plus fragiles.Malgré l’échec du « Plan numérique à l’école »[7] lancé en 2015 par François Hollande[8], le gouvernement d’Édouard Philippe avait décidé, dès son installation en 2017, de poursuivre la numérisation à marche forcée de l’institution scolaire.

L’éducation, un marché florissant et prometteur

Baptisé « Le numérique au service de l’école de la confiance », cet énième programme, poursuivi par Jean Castex, vise à « mobiliser fortement les potentialités du numérique », lequel représente pour le pouvoir actuel, comme pour les précédents[9], « un levier de transformation puissant pour accompagner la politique ministérielle dans toutes ces dimensions : transformation pédagogique au service des apprentissages et de leur évaluation, formation aux enjeux et aux métiers de demain, simplification des relations avec les usagers, modernisation du fonctionnement de l’État avec des systèmes d’information repensés.[10]»

En plus de développer encore davantage l’enseignement numérique – pourtant à l’origine de « désastres » pédagogique, social et environnemental et de « ravages » sanitaires[11] –, la politique gouvernementale vise explicitement, et c’est une nouveauté, à « placer les données scolaires au cœur de la stratégie numérique du ministère » et à « créer de nouveaux liens avec les acteurs et les partenaires de l’école », au premier rang desquels les entrepreneurs et les startupers de la EdTech.

Ouvrir la « boîte noire » du « système éducatif » (selon la terminologie officielle) à ces derniers revêt, pour le ministère de l’Éducation nationale, un double intérêt. D’une part, les données scolaires et autres « traces d’apprentissage », bénéficiant des « progrès technologiques liés à la puissance de calcul et à l’intelligence artificielle qui marquent notre époque », peuvent ainsi « être mieux mises en valeur et utilisées pour renforcer une individualisation des parcours et des apprentissages, une évaluation plus performante des élèves et le développement de nouveaux outils pour les professeurs. »

D’autre part, l’ouverture du système scolaire aux appétits des acteurs de la EdTech, via de « nouveaux dispositifs contractuels », permet, selon le ministère, de « faciliter les expérimentations » et « déployer des innovations technologiques au sein des établissements. » Continuité pédagogique oblige, en même temps qu’elle a inscrit durablement les usages du numérique éducatif dans les pratiques scolaires, la crise sanitaire engendrée par l’épidémie de Covid-19 a consacré la prise de pouvoir des GAFAM, premières capitalisations boursières mondiales, et des industriels de la tech sur la politique éducative nationale.

Dès lors, et de l’aveu même du Conseil national du numérique[12], cette privatisation rampante du service public de l’éducation, corollaire à l’omniprésence grandissante des TICE, ouvre la voie à une « guerre » – une guerre asymétrique – entre, d’un côté, les défenseurs de l’institution scolaire traditionnelle, sujette à de « profondes mutations », et, de l’autre, les géants des « Big Tech » et les promoteurs de la EdTech, misant sur un marché de l’éducation florissant et prometteur en pleine expansion.

Menée par un ministre[13] et des hauts technocrates technophiles, acquis au capitalisme numérique et cornaqués par les entreprises de la Silicon Valley et de la French Tech – et leurs lobbies –, cette guerre totale participe d’un « grand reformatage »[14] de l’école publique et de l’éducation nationale en ligne avec l’agenda néolibéral. Un reformatage qui cible en premier lieu le travail quotidien des personnels, enseignants et administratifs, mais aussi désormais les cerveaux des élèves, nouveaux « cobayes » de la neuropédagogie, une discipline en plein essor qui vise à améliorer les apprentissages grâce aux avancées récentes des sciences cognitives, et en particulier des neurosciences.

L’informatisation puis la numérisation de l’école et, plus encore, la technologisation de l’éducation, permises et accélérées par les politiques publiques d’inspiration néolibérale à l’œuvre depuis les années 1980, franchissent de nos jours un nouveau seuil, en réactualisant la vieille « pédagogie cybernétique »[15] pensée dans les années d’après-guerre : l’enseignement et l’apprentissage sont réduits à la transmission et au traitement d’informations et les élèves, à leur cerveau considéré comme un ordinateur à (re)programmer.

Après avoir concouru, par la massification des logiciels, des écrans, des plateformes en ligne et des ressources numériques, à relativiser la place et le rôle des professeurs et des manuels scolaires, le ministère de l’Éducation nationale – plus que jamais ministère de l’e-Education nationale – participe aujourd’hui activement à la conquête des cerveaux des enfants, vus comme des « cerveaux computationnels » ; une conquête motivée par des rapports de domination et des jeux de pouvoir au sein de l’administration.

De l’e-Éducation à la neuropédagogie

Rapport après rapport, dont certains rédigés par des think tanks privés et des cabinets de conseil en stratégie[16] – comme l’Institut Montaigne et le Boston Consulting Group[17], réputés proches d’Emmanuel Macron –, la modernisation technoscientifique de l’école, jugée inéluctable, doit désormais passer par la recherche en neurosciences. Message reçu cinq sur cinq par Jean-Michel Blanquer. Adepte, dans le cadre de la « société apprenante »[18], du recours aux technologies numériques, à l’IA et aux big data dans les pratiques et les méthodes pédagogiques[19], le ministre s’inspire aussi grandement des travaux du neuroscientifique Stanislas Dehaene[20], directeur de NeuroSpin, un centre de recherche sur l’imagerie cérébrale, devenu le premier président du CSEN en 2018[21].

En 2011 déjà, le futur ministre de l’Éducation nationale, alors Directeur général de l’enseignement scolaire dans le ministère dirigé par Luc Chatel, avait apporté son soutien financier et institutionnel à l’expérience – controversée –, basée sur la neuropédagogie, menée par la pédagogue Céline Alvarez dans une école maternelle de Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine[22]. À l’époque, Jean-Michel Blanquer était également membre du comité directeur d’Agir pour l’école, une association proche de l’Institut Montaigne et de l’assureur Axa[23], dont l’un des objectifs est de concevoir et diffuser à grande échelle un modèle pédagogique fortement inspiré des neurosciences cognitives[24].

Plus récemment, le ministre de l’Éducation nationale a vanté l’intérêt de ces dernières pour les évaluations standardisées des acquis des élèves (« les apprenants » dans la novlangue ministérielle), du primaire au lycée ; des tests reposant, selon lui, « sur une construction rigoureuse et scientifique » et s’appuyant sur les réflexions et recommandations du CSEN.

Cette politique scientiste, basée sur une vision quasi dogmatique des neurosciences, et faisant fi de l’expertise de terrain et des savoirs expérientiels des professeurs, instaure insidieusement une nouvelle norme : « comprendre, construire et orienter les politiques de l’éducation des générations futures à partir de la connaissance du cerveau », comme l’ont théorisé Michel Blay et Christian Laval[25].

Dès lors, se profile le risque, avec cette « éducation augmentée », de voir émerger une « science d’État », dominée par les neurocognitivistes – au détriment d’autres approches disciplinaires, notamment issues des sciences humaines et sociales[26] – et invoquée systématiquement comme argument d’autorité pour trancher les débats pédagogiques, voire sociétaux, et imposer d’en haut aux personnels enseignants et non-enseignants des mesures et des dispositifs conçus dans le secret des laboratoires et des groupes d’experts.

Pour le pouvoir actuel, l’enseignement est une science et l’apprentissage, une procédure ; une conception qui, en plus de donner une opportunité nouvelle aux entreprises du numérique et d’Internet, d’étendre leur mainmise sur l’institution – sous couvert d’ « innovation pédagogique » par la « révolution numérique » et de réduction des coûts –, offre aux neurochercheurs une porte d’entrée dans le système scolaire français – sous prétexte d’accroître l’efficacité de la lutte contre les inégalités.

Or, loin d’être une théorie scientifique reconnue et consensuelle, cette approche neurocognitiviste, prétendument neutre et apolitique, est au contraire porteuse d’intérêts économiques et d’une vision idéologique – individualiste et utilitariste – en phase avec la doxa néolibérale. Avec l’avènement des neurosciences dans le champ éducatif, c’est le mot d’ordre des autorités scolaires sur « l’individualisation des parcours et des apprentissages » qui se radicalise.

Excluant la question des déterminants sociaux, culturels et historiques dans le développement des enfants, l’instrumentalisation par le pouvoir politique de ces sciences encore jeunes et largement hypothétiques réactive in fine la vieille opposition, chère aux néolibéraux, entre individu et société. Le macronisme, incarné dans l’appareil d’État par des ministres et une caste de technocrates scientistes et élitaires se plaçant au-dessus du clivage gauche-droite, a amplement contribué au triomphe puis au règne des omnipotents « technos » et « neuros » au sein du ministère de l’Éducation nationale, comme ailleurs.

Une transformation profonde du pilotage de l’école publique est en cours. Jusqu’à quand ? Il se pourrait bien que les mandats de Jean-Michel Blanquer – macroniste avant l’heure[27] – et d’Emmanuel Macron ait rendu irréversible, au tournant des années 2020, la trajectoire sociotechnique dans laquelle est engagé le système scolaire français depuis une quarantaine d’années maintenant, conditionnant l’avenir d’un million de fonctionnaires et de 12 millions d’élèves, à leurs dépens.


[1]Thomas Bouchet et François Jarrige, « L’université sous hypnose numérique », Sciences Critiques, 17 octobre 2015.

[2]L’anglicisme « EdTech », né de la contraction d’« éducation » et de « technologie » (Educational Technology), est apparu au début des années 2010. Selon le cabinet d’audit EY (ex-Ernst & Young), les 500 start-up de la filière EdTech française ont « battu tous les records » en 2021, en atteignant un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros. Lire par ailleurs Charles de Laubier, « Les milliards affluent vers les EdTech », Le Monde, 2 septembre 2018.

[3]En décembre 2018, lors des « Assises pour l’IA à l’école », organisées par les entrepreneurs de la EdTech, Jean-Michel Blanquer a déclaré : « Nous avons au travers de l’intelligence artificielle l’opportunité de passer à une tout autre vision de l’évaluation pour la compréhension et la maîtrise des compétences étudiées aussi bien en termes de savoirs et de savoir-faire et de savoir-être, pour la mémorisation des compétences, par l’utilisation des techniques d’ancrage mémoriel différencié et là aussi le potentiel est considérable […]. La capacité à compiler les erreurs les plus courantes et les réponses à y apporter permet d’envisager la création d’un compagnon numérique de l’élève. Nous nous sommes résolument engagés dans les recherches en ce sens en vue de la diffusion de l’intelligence artificielle à l’école, partenaire et conseiller tout au long de sa scolarité, en complément du professeur. »

[4]La lettre de cadrage du ministère indique que le CSEN a pour mission de mettre en œuvre « le meilleur du savoir théorique établi par la communauté scientifique » en ayant recours aux « outils pédagogiques les plus adaptés de notre temps ».

[5]À l’occasion de cette inauguration, le ministre a prononcé un discours, dont voici un extrait : « Vous aurez au cours des années qui viennent une équipe gouvernementale qui va aller évidemment dans le sens du développement de ces EdTech. Pour des raisons évidemment humanistes d’abord, mais aussi pour des raisons pédagogiques et éducatives et puis pour des raisons économiques : nous devons évidemment encourager les EdTech en tant qu’industries françaises capables de se projeter dans le monde. » Il poursuit : « On doit monter un système de partenariat économique public-privé […]. Vous avez souvent le sentiment que le monde de l’Éducation nationale est un monde difficile à comprendre opaque et finalement peu facilitant pour vous. Ça n’est qu’en partie vrai […], il y a des portes d’entrée, ce soir vous en avez un [il se désigne lui-même en souriant] […]. Il vous faut des règles du jeu qui fassent levier pour votre action. Je vais travailler en ce sens car c’est l’intérêt général et c’est l’intérêt de nos élèves. »

[6]La responsable du lab 110 bis, Somalina Pa, diplômée de Télécom-Ecole de management, est passée par de grands cabinets d’audit privés (comme Accenture), la Société Générale et le ministère du Budget, avant d’être chargée, au sein du Conseil national du numérique, des questions de santé et d’éducation. Elle y a travaillé sur les rapports Jules Ferry 3.0 et Université numérique. Dans une interview en 2017, elle expliquait que sa mission était d’« insuffler une culture de l’innovation et du mode projet au sein du ministère ».

[7]Initialement doté d’une enveloppe d’un milliard d’euros, le « Plan numérique à l’école » devait équiper en trois ans plus de 175.000 écoliers et collégiens en tablettes numériques, cofinancées par l’État et les collectivités territoriales. Ce plan avait pour objectif de « faire rentrer l’école dans l’ère numérique [en développant] un écosystème global de l’e-Education, depuis les contenus et services jusqu’au matériel. »

[8]C’est également sous le mandat de François Hollande qu’a été créée, en 2014, la Direction du numérique pour l’éducation (DNE). Cette direction du ministère de l’Éducation nationale « assure la mise en place et le déploiement du service public du numérique éducatif » en France. En 2013, l’Inspection générale de l’Éducation nationale avait préalablement remis au gouvernement son rapport sur « la structuration de la filière du numérique éducatif ». En 2018, la DNE défraya la chronique avec la démission de son directeur, Mathieu Jeandron, parti poursuivre sa carrière chez Amazon. Son successeur, Jean-Marc Merriaux, inspecteur général de l’Éducation nationale, essuya lui aussi les critiques pour avoir signé, lorsqu’il était auparavant directeur général de l’organisme public Canopé, un partenariat, sans appel d’offres, avec le géant du e-commerce dans le but de former les enseignants à l’autoédition de contenus pédagogiques.

[9]Le plan « Informatique pour tous », lancé en 1985 par le Premier ministre Laurent Fabius, peut être considéré comme le premier grand programme d’investissement national de l’État dans le numérique éducatif. Destiné à initier à l’informatique les 11 millions d’élèves de l’époque, il visait à déployer plus de 120 000 ordinateurs dans 50 000 établissements scolaires et à assurer la formation de 110 000 enseignants. Considéré comme un échec par l’Inspection générale de l’éducation, ce plan a été abandonné en 1989.

[10]Ministère de l’Éducation nationale et Ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Le numérique au service de l’école de la confiance, 2018.

[11]Les alertes se multiplient depuis quelques années de la part d’intellectuels, d’enseignants et de médecins concernant les risques induits par le numérisation de l’école et de la société. A noter, entre autres : Ph. Bihouix et K. Mauvilly, M. Desmurget, M. Spitzer, Y. Marry et F. Souillot, S. Duflo, A.-L. Ducanda, F. Lebrun, E. Sadin, N. Carr, S. Turkle, Critiques de l’école numérique, l’« Appel de Beauchastel contre l’école numérique ». Lire par ailleurs Anthony Laurent, « Le numérique à l’école, inutile en pédagogie mais bon pour Microsoft », Reporterre, 23 janvier 2017.

[12]Conseil national du numérique, Jules Ferry 3.0. Bâtir une école créative et juste dans un monde numérique, octobre 2014. Les auteurs du rapport écrivent : « Il ne faut pas se voiler la face, le métier de professeur a commencé une guerre de qualité avec les écoles sans maître du web. L’idée d’une telle guerre doit sembler absurde et fantaisiste à la majorité des citoyens qui pensent que l’institution scolaire est éternelle, en particulier dans le secondaire et le primaire. Bien des signes montrent la fragilité, l’échec de 20 % environ des élèves, la désaffection actuelle des familles, la désorientation face à 800.000 jeunes chaque année sortis sans formation de l’école, et sans sécurité sociale, sans emploi, sans même une inscription à Pôle Emploi, et le manque de moyens de l’État et des collectivités locales qui s’adaptent à la pénurie et résistent à la déconsidération du corps enseignant dans les médias. Si on rapporte cela à l’ambition d’une économie numérique qui se fait fort de démontrer sa capacité à capter l’économie de l’éducation, il faut se préparer à de profondes mutations ».

[13]Jean-Michel Blanquer a créé à la rentrée 2020-2021 un Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (CAPES) « Numérique et sciences informatiques » destiné à former les professeurs aux technologies numériques et dédié à l’enseignement informatique. Le 17 mai 2021, le ministre de l’Éducation nationale a signé un décret créant une agrégation externe d’informatique, dont les lauréats seront nommés professeurs stagiaires à la rentrée de septembre 2022.

[14]Philippe Champy, Vers une nouvelle guerre scolaire. Quand les technocrates et les neuroscientifiques mettent la main sur l’Éducation nationale, La Découverte, Paris, août 2019.

[15]Théoricien de la pédagogie cybernétique, le mathématicien français Louis Couffignal (1902-1966) préconisait dans ses écrits des années 1950 et 1960 de remplacer le professeur par le processeur.

[16]Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre, Les infiltrés. Comment les cabinets de conseil ont pris le contrôle de l’État, Allary Editions, février 2022.

[17]L’Institut Montaigne a confié un rapport – remarqué à sa parution – au Boston Consulting Group, rendu public en mars 2016 sous le titre Le numérique pour réussir dès l’école primaire.

[18]En France, l’une des têtes pensantes de la « société apprenante » est François Taddei. Chercheur en biologie à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), il a créé en 2005, avec le soutien de la Fondation Bettencourt-Schueller, le Centre de recherches interdisciplinaires (CRI), « la référence française en termes d’innovation dans l’éducation ». François Taddei est l’auteur de nombreux rapports sur la société apprenante, pour Jean-Michel Blanquer et Najat Vallaud-Belkacem, ainsi que pour des organismes internationaux comme l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Il a été nommé membre du Haut Conseil à l’Éducation en 2012 et du Conseil national du numérique en 2017.

[19]Lors de son intervention aux Assises pour l’IA à l’école (citée plus haut), le ministre a déclaré : « Nous sommes en phase d’accomplissement, avec 25 siècles d’attente, de l’idéal socratique, celui de l’interactivité, celui d’une maïeutique réalisée réellement. Non pas parce que nous robotiserions l’éducation, non pas parce que nous la rendrions totalement technologique mais au contraire parce que nous réussirions une interaction grâce à un couple réussi entre l’homme et la machine. À mon sens, la question majeure de notre époque […], c’est comment un monde de plus en plus technologique peut être un monde de plus en plus humain. »

[20]Pour Stanislas Dehaene, par exemple : « La zone de la lecture recycle un “algorithme” pré-existant, celui de la reconnaissance des visages : au scanner, on voit nettement la même zone s’activer. […] Mais ce recyclage n’est pas une simple réutilisation. Si l’on parle de plasticité, c’est qu’il s’agit bien aussi de réorganiser des algorithmes – de les reprogrammer en quelque sorte. » (cité par Michel Blay et Christian Laval, Neuropédagogie. Le cerveau au centre de l’école, Tschann & Cie, 2019, pour qui « l’interprétation algorithmique de la plasticité du cerveau est une sorte de cheval de Troie de la future fabrication du cerveau normé-éduqué en vue de la tyrannie de l’intelligence artificielle »). Autre exemple : selon le neuropsychologue, « les enseignants doivent devenir des experts de la dynamique cérébrale de leurs élèves. Personne ne devrait connaître mieux qu’eux les lois de la pensée en développement, les principes de l’attention et de la mémoire. » Stanislas Dehaene mène ses expérimentations dans le « babylab » de l’École normale supérieure (ENS) de Paris. Il est par ailleurs un ardent défenseur des « cogni’classes », des classes où les enseignants du primaire et du secondaire s’essaient à des « pistes d’application pour les sciences cognitives. »

[21]Proche du ministre de l’Éducation nationale, Stanislas Dehaene était déjà à la tête d’un premier conseil scientifique, rattaché à la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO), lorsque Jean-Michel Blanquer en était le directeur, de 2010 à 2012.

[22]Cette expérience pédagogique a donné lieu à la publication, en 2016, d’un livre intitulé Les lois naturelles de l’enfant (Les Arènes). Pour une approche critique de cette expérimentation, lire Laurence De Cock, « Céline Alvarez, le business pédagogique. Enquête sur un bestseller controversé », Revue du crieur, n°6, La Découverte et Mediapart, 2017. Certains observateurs n’hésitent pas à qualifier le travail de Céline Alvarez de « pseudo-scientifique », comme Christophe Cailleaux, « La EdTech à l’assaut de l’éducation », dans Critiques de l’école numérique, L’Échappée, 2019 (coord. Cédric Biagini, Christophe Cailleaux et François Jarrige).

[23]Le président d’honneur et fondateur d’Agir pour l’école est Claude Bébéar, l’ancien président-directeur général d’Axa et président d’honneur de l’Institut Montaigne. Le président de l’association était jusqu’au 27 février dernier Laurent Bigorgne, ex-directeur de l’Institut Montaigne, proche d’Emmanuel Macron, démissionnaire suite à la plainte déposée par l’une de ses collaboratrices pour « tentative de viol ».

[24]En 2011, Jean-Michel Blanquer avait confié à Agir pour l’école la mise en œuvre, dans les classes de la grande section de maternelle au CE1, de « PARLER », l’une des premières tentatives à grande échelle d’un programme issu de la recherche neurocognitive. L’association indique que « [ses] projets s’inspirent directement des travaux de la recherche » et qu’« [elle suit] particulièrement l’activité de chercheurs. » Parmi les six universitaires ayant contribué au programme « PARLER » mené par le médecin Michel Zorman, cinq seront membres du CSEN sept ans plus tard.

[25]Michel Blay et Christian Laval, Neuropédagogie. Le cerveau au centre de l’école, Tschann & Cie, 2019.

[26]Nicolas Chevassus-au-Louis, « Le nouvel impérialisme neuronal : les neurosciences à l’assaut des sciences humaines », Revue du crieur, n°3, 2016.

[27]Luc Cédelle, Le système Blanquer. Analyse d’un discours sur l’école et la société, Éditions de L’Aube, février 2022.

Anthony Laurent

Journaliste, Rédacteur en chef du site Sciences Critiques et Maître de conférences associé à l’Université Paris Cité

Notes

[1]Thomas Bouchet et François Jarrige, « L’université sous hypnose numérique », Sciences Critiques, 17 octobre 2015.

[2]L’anglicisme « EdTech », né de la contraction d’« éducation » et de « technologie » (Educational Technology), est apparu au début des années 2010. Selon le cabinet d’audit EY (ex-Ernst & Young), les 500 start-up de la filière EdTech française ont « battu tous les records » en 2021, en atteignant un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros. Lire par ailleurs Charles de Laubier, « Les milliards affluent vers les EdTech », Le Monde, 2 septembre 2018.

[3]En décembre 2018, lors des « Assises pour l’IA à l’école », organisées par les entrepreneurs de la EdTech, Jean-Michel Blanquer a déclaré : « Nous avons au travers de l’intelligence artificielle l’opportunité de passer à une tout autre vision de l’évaluation pour la compréhension et la maîtrise des compétences étudiées aussi bien en termes de savoirs et de savoir-faire et de savoir-être, pour la mémorisation des compétences, par l’utilisation des techniques d’ancrage mémoriel différencié et là aussi le potentiel est considérable […]. La capacité à compiler les erreurs les plus courantes et les réponses à y apporter permet d’envisager la création d’un compagnon numérique de l’élève. Nous nous sommes résolument engagés dans les recherches en ce sens en vue de la diffusion de l’intelligence artificielle à l’école, partenaire et conseiller tout au long de sa scolarité, en complément du professeur. »

[4]La lettre de cadrage du ministère indique que le CSEN a pour mission de mettre en œuvre « le meilleur du savoir théorique établi par la communauté scientifique » en ayant recours aux « outils pédagogiques les plus adaptés de notre temps ».

[5]À l’occasion de cette inauguration, le ministre a prononcé un discours, dont voici un extrait : « Vous aurez au cours des années qui viennent une équipe gouvernementale qui va aller évidemment dans le sens du développement de ces EdTech. Pour des raisons évidemment humanistes d’abord, mais aussi pour des raisons pédagogiques et éducatives et puis pour des raisons économiques : nous devons évidemment encourager les EdTech en tant qu’industries françaises capables de se projeter dans le monde. » Il poursuit : « On doit monter un système de partenariat économique public-privé […]. Vous avez souvent le sentiment que le monde de l’Éducation nationale est un monde difficile à comprendre opaque et finalement peu facilitant pour vous. Ça n’est qu’en partie vrai […], il y a des portes d’entrée, ce soir vous en avez un [il se désigne lui-même en souriant] […]. Il vous faut des règles du jeu qui fassent levier pour votre action. Je vais travailler en ce sens car c’est l’intérêt général et c’est l’intérêt de nos élèves. »

[6]La responsable du lab 110 bis, Somalina Pa, diplômée de Télécom-Ecole de management, est passée par de grands cabinets d’audit privés (comme Accenture), la Société Générale et le ministère du Budget, avant d’être chargée, au sein du Conseil national du numérique, des questions de santé et d’éducation. Elle y a travaillé sur les rapports Jules Ferry 3.0 et Université numérique. Dans une interview en 2017, elle expliquait que sa mission était d’« insuffler une culture de l’innovation et du mode projet au sein du ministère ».

[7]Initialement doté d’une enveloppe d’un milliard d’euros, le « Plan numérique à l’école » devait équiper en trois ans plus de 175.000 écoliers et collégiens en tablettes numériques, cofinancées par l’État et les collectivités territoriales. Ce plan avait pour objectif de « faire rentrer l’école dans l’ère numérique [en développant] un écosystème global de l’e-Education, depuis les contenus et services jusqu’au matériel. »

[8]C’est également sous le mandat de François Hollande qu’a été créée, en 2014, la Direction du numérique pour l’éducation (DNE). Cette direction du ministère de l’Éducation nationale « assure la mise en place et le déploiement du service public du numérique éducatif » en France. En 2013, l’Inspection générale de l’Éducation nationale avait préalablement remis au gouvernement son rapport sur « la structuration de la filière du numérique éducatif ». En 2018, la DNE défraya la chronique avec la démission de son directeur, Mathieu Jeandron, parti poursuivre sa carrière chez Amazon. Son successeur, Jean-Marc Merriaux, inspecteur général de l’Éducation nationale, essuya lui aussi les critiques pour avoir signé, lorsqu’il était auparavant directeur général de l’organisme public Canopé, un partenariat, sans appel d’offres, avec le géant du e-commerce dans le but de former les enseignants à l’autoédition de contenus pédagogiques.

[9]Le plan « Informatique pour tous », lancé en 1985 par le Premier ministre Laurent Fabius, peut être considéré comme le premier grand programme d’investissement national de l’État dans le numérique éducatif. Destiné à initier à l’informatique les 11 millions d’élèves de l’époque, il visait à déployer plus de 120 000 ordinateurs dans 50 000 établissements scolaires et à assurer la formation de 110 000 enseignants. Considéré comme un échec par l’Inspection générale de l’éducation, ce plan a été abandonné en 1989.

[10]Ministère de l’Éducation nationale et Ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Le numérique au service de l’école de la confiance, 2018.

[11]Les alertes se multiplient depuis quelques années de la part d’intellectuels, d’enseignants et de médecins concernant les risques induits par le numérisation de l’école et de la société. A noter, entre autres : Ph. Bihouix et K. Mauvilly, M. Desmurget, M. Spitzer, Y. Marry et F. Souillot, S. Duflo, A.-L. Ducanda, F. Lebrun, E. Sadin, N. Carr, S. Turkle, Critiques de l’école numérique, l’« Appel de Beauchastel contre l’école numérique ». Lire par ailleurs Anthony Laurent, « Le numérique à l’école, inutile en pédagogie mais bon pour Microsoft », Reporterre, 23 janvier 2017.

[12]Conseil national du numérique, Jules Ferry 3.0. Bâtir une école créative et juste dans un monde numérique, octobre 2014. Les auteurs du rapport écrivent : « Il ne faut pas se voiler la face, le métier de professeur a commencé une guerre de qualité avec les écoles sans maître du web. L’idée d’une telle guerre doit sembler absurde et fantaisiste à la majorité des citoyens qui pensent que l’institution scolaire est éternelle, en particulier dans le secondaire et le primaire. Bien des signes montrent la fragilité, l’échec de 20 % environ des élèves, la désaffection actuelle des familles, la désorientation face à 800.000 jeunes chaque année sortis sans formation de l’école, et sans sécurité sociale, sans emploi, sans même une inscription à Pôle Emploi, et le manque de moyens de l’État et des collectivités locales qui s’adaptent à la pénurie et résistent à la déconsidération du corps enseignant dans les médias. Si on rapporte cela à l’ambition d’une économie numérique qui se fait fort de démontrer sa capacité à capter l’économie de l’éducation, il faut se préparer à de profondes mutations ».

[13]Jean-Michel Blanquer a créé à la rentrée 2020-2021 un Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (CAPES) « Numérique et sciences informatiques » destiné à former les professeurs aux technologies numériques et dédié à l’enseignement informatique. Le 17 mai 2021, le ministre de l’Éducation nationale a signé un décret créant une agrégation externe d’informatique, dont les lauréats seront nommés professeurs stagiaires à la rentrée de septembre 2022.

[14]Philippe Champy, Vers une nouvelle guerre scolaire. Quand les technocrates et les neuroscientifiques mettent la main sur l’Éducation nationale, La Découverte, Paris, août 2019.

[15]Théoricien de la pédagogie cybernétique, le mathématicien français Louis Couffignal (1902-1966) préconisait dans ses écrits des années 1950 et 1960 de remplacer le professeur par le processeur.

[16]Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre, Les infiltrés. Comment les cabinets de conseil ont pris le contrôle de l’État, Allary Editions, février 2022.

[17]L’Institut Montaigne a confié un rapport – remarqué à sa parution – au Boston Consulting Group, rendu public en mars 2016 sous le titre Le numérique pour réussir dès l’école primaire.

[18]En France, l’une des têtes pensantes de la « société apprenante » est François Taddei. Chercheur en biologie à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), il a créé en 2005, avec le soutien de la Fondation Bettencourt-Schueller, le Centre de recherches interdisciplinaires (CRI), « la référence française en termes d’innovation dans l’éducation ». François Taddei est l’auteur de nombreux rapports sur la société apprenante, pour Jean-Michel Blanquer et Najat Vallaud-Belkacem, ainsi que pour des organismes internationaux comme l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Il a été nommé membre du Haut Conseil à l’Éducation en 2012 et du Conseil national du numérique en 2017.

[19]Lors de son intervention aux Assises pour l’IA à l’école (citée plus haut), le ministre a déclaré : « Nous sommes en phase d’accomplissement, avec 25 siècles d’attente, de l’idéal socratique, celui de l’interactivité, celui d’une maïeutique réalisée réellement. Non pas parce que nous robotiserions l’éducation, non pas parce que nous la rendrions totalement technologique mais au contraire parce que nous réussirions une interaction grâce à un couple réussi entre l’homme et la machine. À mon sens, la question majeure de notre époque […], c’est comment un monde de plus en plus technologique peut être un monde de plus en plus humain. »

[20]Pour Stanislas Dehaene, par exemple : « La zone de la lecture recycle un “algorithme” pré-existant, celui de la reconnaissance des visages : au scanner, on voit nettement la même zone s’activer. […] Mais ce recyclage n’est pas une simple réutilisation. Si l’on parle de plasticité, c’est qu’il s’agit bien aussi de réorganiser des algorithmes – de les reprogrammer en quelque sorte. » (cité par Michel Blay et Christian Laval, Neuropédagogie. Le cerveau au centre de l’école, Tschann & Cie, 2019, pour qui « l’interprétation algorithmique de la plasticité du cerveau est une sorte de cheval de Troie de la future fabrication du cerveau normé-éduqué en vue de la tyrannie de l’intelligence artificielle »). Autre exemple : selon le neuropsychologue, « les enseignants doivent devenir des experts de la dynamique cérébrale de leurs élèves. Personne ne devrait connaître mieux qu’eux les lois de la pensée en développement, les principes de l’attention et de la mémoire. » Stanislas Dehaene mène ses expérimentations dans le « babylab » de l’École normale supérieure (ENS) de Paris. Il est par ailleurs un ardent défenseur des « cogni’classes », des classes où les enseignants du primaire et du secondaire s’essaient à des « pistes d’application pour les sciences cognitives. »

[21]Proche du ministre de l’Éducation nationale, Stanislas Dehaene était déjà à la tête d’un premier conseil scientifique, rattaché à la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO), lorsque Jean-Michel Blanquer en était le directeur, de 2010 à 2012.

[22]Cette expérience pédagogique a donné lieu à la publication, en 2016, d’un livre intitulé Les lois naturelles de l’enfant (Les Arènes). Pour une approche critique de cette expérimentation, lire Laurence De Cock, « Céline Alvarez, le business pédagogique. Enquête sur un bestseller controversé », Revue du crieur, n°6, La Découverte et Mediapart, 2017. Certains observateurs n’hésitent pas à qualifier le travail de Céline Alvarez de « pseudo-scientifique », comme Christophe Cailleaux, « La EdTech à l’assaut de l’éducation », dans Critiques de l’école numérique, L’Échappée, 2019 (coord. Cédric Biagini, Christophe Cailleaux et François Jarrige).

[23]Le président d’honneur et fondateur d’Agir pour l’école est Claude Bébéar, l’ancien président-directeur général d’Axa et président d’honneur de l’Institut Montaigne. Le président de l’association était jusqu’au 27 février dernier Laurent Bigorgne, ex-directeur de l’Institut Montaigne, proche d’Emmanuel Macron, démissionnaire suite à la plainte déposée par l’une de ses collaboratrices pour « tentative de viol ».

[24]En 2011, Jean-Michel Blanquer avait confié à Agir pour l’école la mise en œuvre, dans les classes de la grande section de maternelle au CE1, de « PARLER », l’une des premières tentatives à grande échelle d’un programme issu de la recherche neurocognitive. L’association indique que « [ses] projets s’inspirent directement des travaux de la recherche » et qu’« [elle suit] particulièrement l’activité de chercheurs. » Parmi les six universitaires ayant contribué au programme « PARLER » mené par le médecin Michel Zorman, cinq seront membres du CSEN sept ans plus tard.

[25]Michel Blay et Christian Laval, Neuropédagogie. Le cerveau au centre de l’école, Tschann & Cie, 2019.

[26]Nicolas Chevassus-au-Louis, « Le nouvel impérialisme neuronal : les neurosciences à l’assaut des sciences humaines », Revue du crieur, n°3, 2016.

[27]Luc Cédelle, Le système Blanquer. Analyse d’un discours sur l’école et la société, Éditions de L’Aube, février 2022.