Safari climatique
Planète B tente d’appréhender un monstre en pleine expansion : une société du numérique, appelée « ∀ » dirigée par l’entrepreneur « B », en passe d’acquérir le monopole de la vente à l’échelle mondiale. Cette entreprise aux tentacules planétaires se nourrit de la basse résolution et de la vitesse de propagation de l’information appliquées à toute chose, transformant la Terre en un hypermarché-monde. Pourtant, son succès repose sur la production d’une quantité astronomique de produits jetables et bien souvent inutiles.
Obsession du confort
Au XIXe siècle, le chiffonnier parisien était le héros nettoyeur de la ville, dépeint et encensé par les peintres, les poètes et les écrivains de l’époque. Il sombre dans l’oubli lorsque se met en place un système de machines faisant du nettoyage des rebuts de la ville une industrie à part.

Les cycles de dégradation par putréfaction et de recyclage sans ajouts de chimie, autrefois orchestrés par les réseaux des chiffonniers, vont être remplacés par l’industrialisation du recyclage et le traitement des matériaux pétrochimiques. Pour le dire simplement, à ce moment-là naît la jetabilité des choses – une jetabilité qui n’existait pas auparavant – et émerge la terminologie même du « recyclage » et de ses détournements sémantiques.
Dans son livre Homo confort[1], l’anthropologue Stefano Boni pose la question des dommages collatéraux de l’idéal du confort. Le confort a été et reste sans doute toujours, en Occident, le programme politique par excellence, toujours en contrepoint des projets affichés. Or cet idéal de confort génère une production de choses qui, avec le temps, s’avèrent plus toxiques qu’elles n’y paraissent, mentionnées en petit sur les étiquettes, jamais lues, oubliées ou refoulées. Le confort prime sur la toxicité des milieux de production comme de consommation.
Ce fut comme une boucle rétroactive : la valorisation de cet idéal par les médias a amplifié le besoin de confort et de bien-être en occultant leurs effe