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Sans cela, la recherche et l’enseignement supérieur s’arrêteront…

économiste

Ce jeudi 5 mars, l’Université et la Recherche s’arrêtent pour protester contre la future Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et, plus largement, contre la précarisation galopante du secteur, tous personnels confondus. Les jeunes universitaires, particulièrement mobilisés, sont aussi parmi les premiers concernés par la dégradation des conditions de l’emploi scientifique. Cette question épineuse se révèle centrale dans la crise que traverse la recherche française aujourd’hui, il importe donc de l’examiner en détail.

Demain aura lieu la journée « L’université et la recherche s’arrêtent ». Au cœur de la colère qui s’élève des amphis et des labos, la question de l’emploi scientifique occupe une place centrale. Cette question n’est bien sûr pas nouvelle. Elle fut l’un des principaux déclencheurs du grand mouvement qui, au début des années 2000, a conduit à une démission collective des directeurs de laboratoires et donné naissance à « Sauvons la recherche ».

Ce fut aussi l’une des quatre principales revendications du mouvement qui, en 2009, a opposé pendant des mois les universitaires et les chercheurs à Valérie Pécresse et qui a vu la question de la « précarité de l’emploi scientifique » prendre de l’ampleur. En 2014, elle a également suscité le mouvement « Sciences en marche », réclamant une fois encore des financements, un plan pluriannuel de l’emploi scientifique et la résorption de la précarité.

Si aujourd’hui les jeunes chercheurs et universitaires sont particulièrement mobilisés, réclamant une nouvelle fois plus de postes et moins de précarité, leurs revendications doivent être les nôtres. Et, ce, que nous soyons chercheurs, universitaires ou simples citoyens. En effet, cette question de l’emploi scientifique est déterminante pour notre avenir collectif.

Allons vite, inutile de refaire la longue liste des divers arguments qui démontrent le caractère clef du secteur de la recherche et de l’enseignement supérieur, arguments repris en chœur par tous les gouvernements successifs pour affirmer qu’ils en font « une grande priorité », sans que jamais les « preuves d’amour » ne suivent les grandes déclarations.[1] Or, il ne peut y avoir de recherche et d’enseignement supérieur forts, sans résoudre d’abord cette question de l’emploi scientifique.

Les chercheurs et universitaires savent bien tout ce que peuvent apporter dans une équipe le regard neuf et les questions d’un jeune chercheur.

En effet, la recherche et l’enseignement supérieur ce sont avant tout les hommes et les femmes qu


[1]Voir https://aoc.media/opinion/2019/02/19/amour-preuves-damour-recherche/ et https://aoc.media/opinion/2019/06/11/universite-sombre-bilan/

[2]Ils représentent 67 100 ETP supplémentaires sur les 86 600 au total.

[3]Liée notamment à la dualité entre universités et organismes de recherches et à la diversité de ces derniers qui comptent les EPST (établissements publics à caractère scientifique et technologique), CNRS, IFSTTAR, INED, INRIA, INSERM, IRD, IRSTEA), les EPIC (établissements publics à caractère industriel et commercial) et les ISBL (institutions sans but lucratif) ; cela génère une très grande diversité de statuts particuliers (voir note infra).

[4] Pour les Maîtres de conférences (MDC), les chargés de recherche (CR), les Professeurs d’Université (PR), les Directeurs de recherche (DR) et assimilés, mais aussi les docteurs financés et les ingénieurs de recherche.

[5]Ils sont en effet « enseignants-chercheurs » et ne consacrent donc qu’une partie de leur temps à la recherche.

[6] Pour les enseignants, la filière hospitalo-universitaire a en effet sur cette période connu une augmentation de 4,3%, alors que la filière universitaire, la plus importante, reste quasiment stable (+0,2%).

[7]Comme nous le soulignions dans les deux textes consacrés aux perspectives financières de la recherche et de l’université : https://aoc.media/opinion/2019/02/19/amour-preuves-damour-recherche/ et https://aoc.media/opinion/2019/06/11/universite-sombre-bilan/

[8] Notamment par les appels à projets ANR, les appels à projets des Investissements d’Avenir et des financements européens, voire régionaux.

[9] Le Conseil scientifique de l’Inserm a estimé notamment que le nombre de précaires de l’INSERM est ainsi passé de 497 en 2005 à 2113 en 2013 et qu’ils représentaient en 2014, 41,8% des personnels de l’organisme.

[10] Il est de 32,8 ans en moyenne en 2016 pour les CR2 des 5 principaux organismes de recherche, contre encore 31,2 ans en 2006 ; de même, 34,3 ans pour les MCF en 2016, co

Isabelle This Saint-Jean

économiste, Professeure à l'université Sorbonne Paris-Nord

Notes

[1]Voir https://aoc.media/opinion/2019/02/19/amour-preuves-damour-recherche/ et https://aoc.media/opinion/2019/06/11/universite-sombre-bilan/

[2]Ils représentent 67 100 ETP supplémentaires sur les 86 600 au total.

[3]Liée notamment à la dualité entre universités et organismes de recherches et à la diversité de ces derniers qui comptent les EPST (établissements publics à caractère scientifique et technologique), CNRS, IFSTTAR, INED, INRIA, INSERM, IRD, IRSTEA), les EPIC (établissements publics à caractère industriel et commercial) et les ISBL (institutions sans but lucratif) ; cela génère une très grande diversité de statuts particuliers (voir note infra).

[4] Pour les Maîtres de conférences (MDC), les chargés de recherche (CR), les Professeurs d’Université (PR), les Directeurs de recherche (DR) et assimilés, mais aussi les docteurs financés et les ingénieurs de recherche.

[5]Ils sont en effet « enseignants-chercheurs » et ne consacrent donc qu’une partie de leur temps à la recherche.

[6] Pour les enseignants, la filière hospitalo-universitaire a en effet sur cette période connu une augmentation de 4,3%, alors que la filière universitaire, la plus importante, reste quasiment stable (+0,2%).

[7]Comme nous le soulignions dans les deux textes consacrés aux perspectives financières de la recherche et de l’université : https://aoc.media/opinion/2019/02/19/amour-preuves-damour-recherche/ et https://aoc.media/opinion/2019/06/11/universite-sombre-bilan/

[8] Notamment par les appels à projets ANR, les appels à projets des Investissements d’Avenir et des financements européens, voire régionaux.

[9] Le Conseil scientifique de l’Inserm a estimé notamment que le nombre de précaires de l’INSERM est ainsi passé de 497 en 2005 à 2113 en 2013 et qu’ils représentaient en 2014, 41,8% des personnels de l’organisme.

[10] Il est de 32,8 ans en moyenne en 2016 pour les CR2 des 5 principaux organismes de recherche, contre encore 31,2 ans en 2006 ; de même, 34,3 ans pour les MCF en 2016, co