Les « sentinelles des pandémies », entre concurrence et solidarité
À lire les commentaires en ligne depuis le début du confinement en France suite à la pandémie de Covid-19, notre vieille nation serait le mauvais élève de la gestion des pandémies. Les hésitations de notre gouvernement, pourtant salué à l’étranger pour sa clarté cartésienne et son organisation centralisée, et le supposé incivisme de nos concitoyens par comparaison avec la discipline des Italiens – comme si l’on pouvait opposer la civitas des Romains et le caractère bravache des « Gaulois réfractaires au changement » – semblent expliquer la lenteur à appliquer des mesures de confinement qui s’imposent partout ailleurs.

Les atermoiements post-électoralistes d’une ancienne ministre de la Santé, qui s’improvise en lanceuse d’alerte a posteriori pour faire oublier les déboires de sa candidature à la mairie de Paris, ajoutent encore à la confusion. L’Alsace, qui faisait déjà pleurer les Français il y a 120 ans lorsque la « ligne bleue des Vosges » était un enjeu majeur de l’affaire Dreyfus, est à nouveau un lieu de vulnérabilité avec le foyer le plus important issu d’une réunion évangélique à Mulhouse.
Lorsque la France se compare à la Chine, qui a agi plus rapidement pour imposer le confinement, et surtout à Taïwan, qui a su contrôler les arrivées de Chine tout en maintenant son activité grâce à ses technologies de l’information et à sa géographie insulaire, la comparaison tourne à notre désavantage. Il n’y a guère que le gouvernement fédéral des États-Unis de Donald Trump et son pastiche tropical (le Brésil de Jair Bolsonaro) pour nous faire encore croire à notre prestige national en mettant en lumière par contraste la qualité de notre service public d’hôpitaux.
Cette campagne d’autodénigrement ne s’explique pas seulement par la tendance qu’a la société française à souligner ce qui ne va pas et à laisser dans l’ombre ce qui va bien, comme le révèlent de nombreux sondages. Elle prend sens dans le débat sur la préparation aux pandémies, qui est configuré depuis son insti