Les élections brésiliennes et la biodiversité
Fin août, M. Jair Bolsonaro, candidat à la présidence du Brésil, était présent dans l’État de Rondônia, en pleine Amazonie, où les taux de déforestation ne cessent de monter depuis 2011. Entouré de cinq hommes (et d’aucune femme), le candidat a pris des positions fermes contre « l’activisme environnemental », qui ne saurait perdurer dans son futur gouvernement. De quel activisme s’agit-il ? Il précise : « Ces amendes, cette extorsion par IBAMA et ICMBio [agences fédérales de l’environnement], ce sera fini ! » En d’autres termes, les amendes prévues dans la législation brésilienne pour défrichement illicite, transport de bois illégal, etc., le voilà, selon lui, l’insupportable « activisme ».
Malheureusement, rien de bien nouveau dans l’histoire brésilienne. En 1914, année d’une sécheresse terrible durant laquelle la fumée des feux de forêt envahissait sa maison, l’écrivain Monteiro Lobato se plaignait déjà des politiques et de la police qui ne faisaient rien : « Les électeurs de la campagne, en échange de leur voix, ont le droit de brûler le bois des autres. »
En 2018, M. Bolsonaro veut être le favori d’un agro-business qui met le feu à des terres souvent publiques pour ensuite mieux les exploiter. Il a également été choisi, sans doute, par l’immense industrie du bois illégal. Mais son combat contre les agences de l’environnement n’est pas récent : il remonte au moins à l’année 2012.
C’était au mois de janvier, le plein été dans l’hémisphère sud. Dans son petit bâteau à 150 km de Rio, le député brésilien Jair Bolsonaro, canne à pêche en main, est abordé par les agent d’IBAMA (Institut brésilien de l’environnement). Il pêchait dans les limites de la Station écologique de Tamoios, un espace protégé où la pêche est interdite dans le but de protéger des dizaines d’espèces de poissons. Avec 29 îles, îlots et rochers où les oiseaux trouvent abri et font leur nid, la Station écologique ne représente que 5,7 % de la superficie de la baie d’Ilha Grande. Pour les 94 % restants