Éducation

Réforme du lycée : de la hiérarchie des séries à la hiérarchisation des élèves

Professeur de SES

La suppression des séries au bac général par la récente réforme de l’Éducation nationale est présentée par le ministre Jean-Michel Blanquer comme une façon de rétablir une égalité des chances perdue avec l’évolution des séries ES, S et L. Mais la suppression de la « grossière » hiérarchie des séries se fait au profit de la hiérarchisation et du classement des bacheliers, un peu comme si demain le permis de conduire devenait un nouveau type de permis à point où seuls les candidats ayant obtenu un certain score avaient le droit de rouler sur l’autoroute.

La suppression des séries du bac général est une des principales mesures de la réforme du lycée mis en place par le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer. Désormais les élèves de seconde devront choisir trois spécialités en première et en abandonner une en terminale, ce qui doit « offrir plus de liberté aux élèves en leur permettant de choisir des enseignements qui les motivent vraiment » et « parce qu’on réussit toujours ce que l’on aime vraiment ». Pour le ministre cette réforme « doit favoriser l’égalité grâce à la constitution d’un tronc commun et faire du bac un véritable tremplin vers la réussite dans l’enseignement supérieur ». Elle doit aussi « inciter les élèves à construire leur projet d’avenir et à approfondir leur formation ». Elle a enfin pour objectif « de remuscler et de simplifier le bac ».

Pour les partisans de la réforme, la suppression des séries est justifiée en raison de la supériorité de la série S qui attirait les meilleurs élèves, générant ainsi de fortes inégalités entre elles. Ainsi, Christian Forestier et Bruno Racine estiment que le bac actuel est à bout de souffle, notamment car « La série scientifique, au lieu de n’accueillir que les lycéens désireux de poursuivre des études scientifiques, a regroupé tous les élèves considérés comme les meilleurs, quelle que soit la nature des études supérieures envisagées, et l’enseignement supérieur s’est organisé en fonction de cet état de fait, comme le montrent le monopole de ces bacheliers dans les études médicales ou leur présence massive dans les formations littéraires les plus réputées ».

Pierre Mathiot, père spirituel de la réforme Blanquer, rappelait quant à lui dans AOC « que l’accès aux séries actuelles du bac général fait déjà l’objet d’un « tri » préalable, à la fin du collège ou de la classe de seconde, qui réduit fortement la diversité sociale à l’entrée en 1ère. Et on ne dit rien ici du profil de ceux qui, ensuite, intègrent la série S puis l’option mathématique dans cette séri


[1] Le débats sur l’enseignement des écoles de commerce ou des IEP nous semble ici illustré la théorie du signal, puisque une fois « sélectionné » ces écoles ont la réputation de ne pas être très exigeantes en terme de contenu enseigné. Les étudiants seraient surtout incités à résauter, à bâtir des projets, plutôt qu’à accroitre leurs connaissances stricto-sensu : https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/05/22/faire-sciences-po-entre-fantasme-et-desillusion_5465648_4401467.html ; https://start.lesechos.fr/etudes-formations/universites-grandes-ecoles/raser-les-ecoles-de-commerce-la-tribune-choc-d-un-prof-britannique-11764.php, https://blogs.mediapart.fr/le-rollier/blog/150518/pourquoi-je-ne-candidate-pas-au-bachelor-sciences-po-0

[2] Les chiffres disponibles ne concernent que les générations nées entre 1990 et 1994, qui ont donc passé leur bac il y a près de 10 ans.

[3] C’était en réalité déjà le cas pour les filières sélectives (CPGE, BTS, IUT).

[4] Un élève de S obtenant son bac S avec de bons résultats dans les matières non scientifiques pouvait suivre un cursus scientifique dans l’ancien système, dans lequel seule la détention du bac comptait. Cela sera désormais à priori plus difficile avec le nouveau système puisque ce sont ses résultats dans les matières scientifiques qui seront désormais pris en compte.

Jean-Yves Mas

Professeur de SES, Enseignant du secondaire

Notes

[1] Le débats sur l’enseignement des écoles de commerce ou des IEP nous semble ici illustré la théorie du signal, puisque une fois « sélectionné » ces écoles ont la réputation de ne pas être très exigeantes en terme de contenu enseigné. Les étudiants seraient surtout incités à résauter, à bâtir des projets, plutôt qu’à accroitre leurs connaissances stricto-sensu : https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/05/22/faire-sciences-po-entre-fantasme-et-desillusion_5465648_4401467.html ; https://start.lesechos.fr/etudes-formations/universites-grandes-ecoles/raser-les-ecoles-de-commerce-la-tribune-choc-d-un-prof-britannique-11764.php, https://blogs.mediapart.fr/le-rollier/blog/150518/pourquoi-je-ne-candidate-pas-au-bachelor-sciences-po-0

[2] Les chiffres disponibles ne concernent que les générations nées entre 1990 et 1994, qui ont donc passé leur bac il y a près de 10 ans.

[3] C’était en réalité déjà le cas pour les filières sélectives (CPGE, BTS, IUT).

[4] Un élève de S obtenant son bac S avec de bons résultats dans les matières non scientifiques pouvait suivre un cursus scientifique dans l’ancien système, dans lequel seule la détention du bac comptait. Cela sera désormais à priori plus difficile avec le nouveau système puisque ce sont ses résultats dans les matières scientifiques qui seront désormais pris en compte.