Table
Rwanda
Le rapport Duclert sur La France, le Rwanda et le génocide des Tutsi (1990-1994) a été remis au président de la République le 26 mars, première étape d’une normalisation des relations entre les deux pays dont le voyage d’Emmanuel Macron le 27 mai 2021 est un nouvel épisode. Le narratif autour de ce événement et de la responsabilité de la France dans cette tragédie aux 800 000 morts change ainsi peu à peu au plus haut sommet de l’État. Mais cette histoire, des chercheurs et des journalistes tentent depuis longtemps de la faire reconnaître. Sélection d’articles du quotidien AOC et d’ouvrages.
Le Génocide au village : Le massacre des Tutsi au Rwanda
Hélène Dumas
Fruit d’une enquête d’une dizaine d’années dans une commune du Rwanda, cette histoire « à la loupe » reconstitue, à travers ses lieux, ses acteurs et ses rescapés, l’exécution à l’échelle locale du dernier génocide du XXe siècle, concentré sur quelques mois (avril-mi-juillet 1994), et révèle la très grande proximité géographique, sociale, familiale des bourreaux et de leurs victimes. Nourri des témoignages aux procès, ceux des survivants, des tueurs et des témoins, mais aussi de déambulations sur les lieux de l’extermination, le récit met en lumière les mécanismes de ces massacres de proximité et la créativité meurtrière des bourreaux qui ont assuré la redoutable efficacité du génocide des Tutsi. Il éclaire l’ampleur de la participation populaire, ainsi que le rôle des imaginaires de guerre défensive et d’animalisation des victimes qui ont animé les tueurs.Ce texte est aussi l’histoire de la confrontation d’un chercheur à la violence inouïe d’une parole et de la commotion produite par les traces physiques de l’extermination. À ce titre, il invite à une réflexion sur les manières de faire l’histoire d’un événement dont tant de dimensions demeurent inédites au regard des autres configurations de violence extrême.
Seuil - 23€
Analyse - 12.04.2019
L’État rwandais et la mémoire du génocide des Tutsi
Par Rémi Korman
L'année même du génocide, en 1994, émerge au Rwanda une première politique de mémoire de l'événement qui coûta la vie à près d'un million de Tutsis. Depuis, politiques mémorielles, politiques d’unité et... lire plusAnalyse - 23.07.2020
France – Rwanda : le temps des archives, le temps de l’histoire
Par François Robinet
Alors que des pétitions d’historiens et d’archivistes sonnent l’alerte sur certaines restrictions de l’accès aux archives contemporaines, le chercheur François Graner vient de se voir soutenu par le Conseil... lire plusUne Initiation : Rwanda (1994-2016)
Stéphane Audoin-Rouzeau
Mais que s'est-il passé ?Après trois décennies d'un parcours de recherche entièrement consacré, dès l'origine, à la violence de guerre, un « objet » imprévu a coupé ma route. On aura compris qu'il s'agit du génocide perpétré contre les Tutsi rwandais entre avril et juillet 1994, au cours duquel huit cent mille victimes au moins ont été tuées, en trois mois.
Ce qui se joue ou peut se jouer chez un chercheur, dans l'instant tout d'abord, dans l'après-coup ensuite, constitue l'axe du livre qui va suivre. Car l'objet qui a croisé ma route ne s'est pas contenté de m'arrêter pour un moment : il a subverti, rétroactivement en quelque sorte, toute la gamme de mes intérêts antérieurs.
Seuil - 17€
Analyse - 23.05.2018
Rwanda, de la responsabilité française
Par François Robinet
Guillaume Ancel, capitaine de l’armée française en 1994 lors de l’opération « Turquoise », déclarait en mars dernier, à propos de son livre témoignage, vouloir mettre « fin au silence » sur le rôle... lire plusAnalyse - 29.10.2018
Génocide des Tutsi du Rwanda, un attentat et des écrans de fumée
Par Florent Piton
Plusieurs dossiers judiciaires relatifs au Rwanda et instruits en France ont considérablement évolué ces dernières semaines. D'abord avec le non-lieu requis par le procureur de la République dans l'affaire de... lire plusLe génocide des Tutsi du Rwanda
Florent Piton
D'avril à juillet 1994, entre 800 000 et 1 million de Tutsi sont exterminés au Rwanda. Le dernier génocide du XXe siècle ne s'inscrit pourtant pas dans une histoire séculaire d'antagonisme ethnique. Il est le produit d'un racisme importé des sciences coloniales et réapproprié par une partie des acteurs politiques rwandais et de la population. Cet ouvrage analyse l'émergence et les évolutions de ce racisme, et la manière dont il conduisit au génocide et fut mis en actes par les pratiques de violence. Il montre ainsi que l'extermination des Tutsi, quoique n'étant pas inéluctable, ne fut ni un accident ni une réaction spontanée. En évoquant aussi bien les tueries au plus près de leurs conditions d'exécution que le rôle des acteurs de l'État et de la communauté internationale, tout particulièrement l'ONU et la France, l'auteur inscrit cet événement au coeur de notre XXe siècle et des enjeux contemporains. L'analyse des questions mémorielles et judiciaires, et de la sortie du génocide, permet enfin de comprendre que ses conséquences se font ressentir aujourd'hui encore dans tous les aspects de la vie sociale.La Découverte - 18€
Opinion - 05.05.2021
Rwanda : la restauration autoritaire au prix d’un génocide
Par Jean-François Bayart
Un mois après la publication du rapport Duclert, qui pointait la responsabilité de l'État français dans le génocide des Tutsi au Rwanda, le parquet de Paris a requis ce lundi 3 mai un non-lieu contre l'armée... lire plusRécits des marais rwandais : Dans le nu de la vie ; Une saison de machettes ; La stratégie des antilopes
Jean Hatzfeld
Dans le nu de la vie (2000) (Avec des photographies de Raymond Depardon) Au cours de nombreux séjours dans une petite ville du Rwanda, Jean Hatzfeld a tissé des liens d'amitié et de confiance avec des rescapés Tutsi du génocide. Avec leurs mots ils lui ont raconté ce qu'ils ont vécus. Ces témoignages d'enfants, de femmes et d'hommes, souvent seuls survivants de leur famille, sont bouleversants. Dans leur singularité, ils atteignent, à force d'authenticité, une portée universelle. On ne les oublie plus.Une saison de machettes (2003) Jean Hatzfeld, après de longs séjours sur place, dans la prison où ils étaient enfermés, la plupart déjà jugés, a fait parler les acteurs hutus du génocide, en l'occurrence une bande d'amis originaires de la même région qui, comme ils disent, sont allés " au boulot " ensemble. Ils se sont confiés à l'auteur de façon complètement libre et directe sans soucis d'atténuer leur responsabilité, avec un naturel stupéfiant, y compris pour Hatzfeld. Jamais aucun " génocidaire " du siècle n'a témoigné de cette façon.
La Stratégie des antilopes (2007) Troisième volet, époustouflant, de Jean Hatzfeld sur le Rwanda à travers le prisme de Nyamata et de ses environs. Le centre de gravité du livre se trouve dans une décision prise par la présidence rwandaise en janvier 2003 : la libération de dizaines de milliers de Hutus, en vue de procès en réconciliation. C'est dès lors la question du pardon et plus simplement de la coexistence dans un même lieu qui se pose, à la fois pour les bourreaux et les victimes, hantés par leur mémoire mais poussés par la nécessité de continuer de vivre, malgré tout.