Critique
Un dégoût nommé désir – sur Nostalgie d’un autre monde d’Ottessa Moshfegh
par Béatrice Pire
Ranimant la tradition d’un « réalisme sale » en vogue dans les années 1980, Ottessa Moshfegh cultive un goût prononcé pour le trash, comme en témoigne son recueil de nouvelles Nostalgie d’un autre monde. Un « autre monde » ? Un bas-monde plutôt : un royaume décrépit et médiocre, un lieu d’errance et de déshérence. Et si d’autres écrivains américains idéalisent le trivial à travers un lyrisme des bas-fonds, Ottessa Moshfegh montre, quant à elle, la banalité de la fange ou l’évidence de la laideur, ce qui rend sa voix si étrange et singulière.